Une des inventions majeure de ce 21e siècle sont les réseaux sociaux.
Ces systèmes prévus à la base pour garder le contact avec vos amis, vos collègues, vos (anciens) camarades de classe sont entrés dans les mœurs. Aujourd’hui, quelqu’un qui n’utilise pas un réseau social est vu comme une personne qui irait vivre dans une cabane au milieu d’un bois, coupé totalement du monde.
Les réseaux sociaux les plus connus sont Facebook et Twitter mais il y en a d’autres comme Instagram pour la publication de photos, Pinterest pour la publication de trouvailles sur nos passions, Tumblr pour créer un mini blog rapidement, et bien d’autres encore.
Des réseaux sociaux, il y en a pour tout, pour tous et pour rien.
Les réseaux sociaux sont ainsi devenus des compagnons. On vérifie plusieurs fois par jour les nouvelles publications, on programme des alertes pour ne rien manquer, on y met toute sa vie et on lit la vie des autres.
Aujourd’hui, certaines personnes ont plus d’interactions avec les autres via les réseaux sociaux que dans la vie réelle. Les interactions avec les autres dans la vie réelle se limitent au commerçant à qui on dit à peine bonjour, bien trop occupés à ouvrir l’application appareil photos pour envoyer un cliché du magnifique hamburger qu’on vient de s’acheter au McDonalds (sans sortir de sa voiture, merci McDrive).
Hamburger qui est le même à chaque fois et pour tous les clients. Cette photo ne sera donc pas un scoop.
Les réseaux sociaux sont ainsi le reflet de la vie qu’on mène. Sans tabou. Quoi que… jusqu’à aujourd’hui je n’ai pas encore vu de photos ou de vidéos de l’un ou l’autre de mes contacts en train de copuler dans leur nouvelle chambre. A mon avis, ce n’est qu’une question de temps, je fais confiance à mes amis.
Oui, amis est en italique car sur les réseaux sociaux, et principalement Facebook, cela ne veut pas dire grand chose. Si effectivement le compteur affiche 350 amis, il n’en est évidemment rien dans la vraie vie. Ce sont, pour la plupart, de simples connaissances voire parfois de parfaits inconnus.
Et c’est justement pour faire bonne impression sur ces amis qu’on ne poste que des nouvelles positives. Même si elles sont mensongères.
Il faut qu’on soit toujours au top, qu’on fasse saliver nos amis ou nos suiveurs ou encore nos abonnés.
Mettre une photo de sa facture de GSM n’est pas intéressant. Par contre, mettre une photo d’une superbe assiette qu’on vient de nous servir au restaurant, ça c’est intéressant. Pas l’assiette en question, de la nourriture tout le monde sait ce que c’est, non, ce qui est intéressant ici c’est de montrer que vous êtes au restaurant, vous. Que vous, vous pouvez vous le payer et que la taille de l’assiette prouve que vous n’avez pas lésiné sur le prix.
En vrai, vous êtes dans un Flunch ou, si vous êtes dans un restaurant plus important, c’est parce que vous avez un tarif spécial acheté sur Groupon.
C’est l’été et vous avez la chance de partir en vacances. Vous partez au soleil en All-in. Vous postez des photos de vous à la piscine, au restaurant, au bar, devant un musée ou à côté d’une sculpture en rue.
Vous avez le sourire jusqu’aux oreilles et vos photos sont toujours accompagnées d’un petit message destiné à faire des envieux.
La vie est belle, ce sont vos plus belles vacances et elles vous ont coûté un pont mais vous en avez les moyens.
En vrai, vous vous êtes endettés pour tout le reste de l’année, l’eau de la piscine est froide, le restaurant, certes gratuit, vous a filé la chiasse, le musée vous êtes juste passé devant parce qu’il y avait des toilettes à côté.
Mais ce n’est pas grave tant que vos amis ont la bouche pleine de bave lorsqu’ils vous lisent et, surtout, lorsqu’ils vous Like.
Votre vie est arrangée, embellie, voire complètement fausse. Mais le nombre de J’aime est la chose qui vous importe le plus. Plus vous récoltez de mentions J’aime, plus vous vous sentez important, vivant.
Mais, vous, vous savez que votre vie n’est pas toujours telle que vous la montrez sur Facebook. Et lorsque vous voyez un de vos amis faire quelque chose de mieux que vous, vous déprimez.
Cette mise en scène de votre vie vous donne l’impression d’être un raté. Vous devez mentir pour montrer une vie idyllique. Et voir un ami faire quelque chose de mieux que vous vous déprime, sans penser que cet ami fait peut-être, voire probablement, la même chose que vous : embellir sa vie. On essaie ainsi de toujours faire mieux que l’autre, même si c’est virtuellement. Et à un moment, on oublie ce qu’est le bonheur.
Aujourd’hui, c’est la course aux Like et autres pouces en l’air. Et lorsqu’une de vos publications ne récolte pas assez de retours, vous déprimez.
Avoir son quart d’heure de gloire dans sa vie ne suffit plus. Il faut l’avoir chaque jour. C’est devenu une drogue. Il faut publier quelque chose qui fera venir des J’aime ou des retweet pour se sentir exister. Une personne qui ne poste rien ou qui n’est pas inscrit sur Facebook est un looser. Une personne qui n’est pas intéressante car elle n’a rien à raconter et ne fait donc rien de sa vie.
Et si, au contraire, cette personne n’est pas inscrite sur Facebook parce qu’elle a une vie bien remplie? Une vie tellement remplie qu’elle n’a pas le temps d’écrire ou d’inventer?
Ce merveilleux outil pour rester en contact avec ses amis et sa famille est devenu un endroit dangereux où vous pouvez déprimer en un claquement de bouton.
Cette surenchère aux Like et à la popularité crée des tensions entre les personnes. Ce qui est paradoxal sur un réseau social où on est censé être entre amis et donc s’épauler quoi qu’il arrive.
Plus vous aimez de publications ou plus vous favorisez des tweets, plus vous aurez de J’aime ou de Favoris en retour. Si bien que vous Likez à tour de bras, juste pour en recevoir en retour et ainsi être plus populaire que vos amis. Faites l’expérience, arrêtez d’aimer des statuts sur Facebook et vous verrez qu’il y aura également moins de J’aime à vos statuts (ça marche aussi pour Twitter et n’importe quel autre réseau social).
Grâce à ces réseaux, on vit dans un monde idéalisé. Un monde merveilleux où chaque maison ne renferme pas le moindre grain de poussière, où le chien a un brushing impeccable et où votre mari vous apporte vos pantoufles (ou l’inverse, je ne sais plus). Même les familles où il y a 4 enfants sont impeccables avec une maison toujours rangée et pas un seul problème avec les schtroumpfs.
En réalité, cette famille a les mêmes problèmes que vous : le petit qui fait la varicelle, le moyen qui vient de découvrir le feu et le plus grand qui n’en fait qu’à sa tête, puberté oblige. Mais il ne faut pas le montrer. Il faut une vie impeccable qui fera envie et qui donnera envie de cliquer sur J’aime ou de commenter « Wah, t’as de la chance, le mien il est insupportable« . Cette même personne postera plus tard un statut disant parfaitement le contraire.
Une utilisation trop fréquente des réseaux sociaux peut conduire à une dépression sévère car on ne parvient pas à avoir la vie de toutes ces personnes. Cette vie magique où vous pouvez partir en vacances trois fois par an, aller au restaurant toutes les semaines et participer à des tas de soirées entre amis. Il n’y a rien de plus frustrant que de voir des statuts ou des tweets au réveillon du nouvel-an disant « Wah, regarde comme on s’amuse!« . Si tu t’amusais pour de vrai, tu n’aurais pas le temps ou même l’envie d’envoyer un message sur Facebook.
Cette vie magique et sans accroc n’existe qu’à deux endroits : le cinéma et… les réseaux sociaux.
Réussir sa vie c’est avoir la vie qu’on souhaite, pas celle qu’on vous impose. Ne l’inventez pas. Ne l’enviez pas. Faites la.